dimanche 13 mai 2007

Un Pedigree

Enfin, le Modiano de l’année 2005, celui que toute la presse salue. Mais si vous croyez que vous en apprendrez beaucoup sur l’homme, détrompez-vous. D’abord, Modiano n’évoque que sa jeunesse, jusqu’à ses 21 ans (l’âge de la majorité à cette époque). Ensuite, on y retrouve le même effet de « flou » que dans tous ses romans, et ce, en dépit de l’utilisation de documents précis, datés. Comme d’habitude, l’extrême précision finit chez lui par brouiller complètement les cartes. On apprend peu de choses sur ses parents, hormis leurs origines sociales, leur mésentente assez rapide. Au détour d’une phrase, qui pèse lourd, on découvre que le jeune Patrick a perdu son frère cadet à l’âge de douze ans. On sent aussi l’immense besoin d’amour, toujours déçu, vis-à-vis d’une mère « au cœur sec », jamais là, ou si peu. L’éloignement dans des internats. Les relations conflictuelles avec le père. Une douleur perce sous les phrases dénuées de tout pathos.
Très bref, mais assez marquant malgré tout. J’ai été frappée par l’alternance de temps grammaticaux presque antinomiques. Présent de narration, et soudain voici l’imparfait ; et l’on revient au présent. Même effet que le mélange de précision et de zones d’ombre : sommes-nous vraiment dans le récit autobiographique, ou bien un peu à côté ? C’est tout l’art de Modiano. Ce livre semble anodin, et pourtant il laisse une empreinte forte sur le lecteur.

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